C’est quoi l’aliénation parentale?
L’hypothèse privilégiée aujourd’hui est celle d’une problématique familiale complexe de nature systémique dans laquelle un enfant rejette un parent de façon injustifiée, habituellement sous l’influence de l’autre parent, et ce, sans ambivalence ni culpabilité. Il y a une présence de distorsions ou d’exagérations cognitives substantielles et le rejet semble injustifié si nous nous basons sur l’expérience réelle de l’enfant avec ce parent. (Malo, & Rivard, 2013; Kelly, & Johnston, 2001).
Il y a des nuances et des explications importantes à apporter, car les cas pures d’aliénation sont rares. Il existe des niveaux de gravité et des interventions selon chacune de ses étapes.
Voir image de la pyramide :
Explication de la pyramide :
Affinité :
L’enfant aime ses deux parents, mais il a une affinité avec un parent en fonction de son âge, son développement, son tempérament, ses intérêts, etc.
Exemple :
- Un enfant de 15 mois peut préférer maman, car elle est avec lui depuis qu’il est au monde, il s’agit de la source de réconfort principal, et ce, même si papa est très présent. Puisqu’il a repris le travail quand bébé avait 6 mois, bébé s’attend à ce que maman s’en occupe et c’est donc sécurisant.
- Coco de 8 ans préfère être avec son père, car il partage tous les deux la passion pour le ski alors que maman, ça ne l’intéresse pas ou parce que maman aime aussi le ski, mais pas aussi intensément que papa.
Alliance :
Les contacts se poursuivent, mais l’enfant a une ambivalence dans les sentiments face à un des parents en raison d’événements. Pour cela, l’enfant peut préférer rester avec un des deux parents. Le tout peut être passager. L’enfant n’est pas en rejet de son parent, mais souhaite réduire les contacts.
Exemple :
- Il y avait des conflits durant la vie conjugale et l’enfant souhaite demeurer avec la mère.
- Le parent « responsable » de la séparation pourrait être plus rejeté et l’enfant voudra rester avec l’autre parent.
- L’enfant souhaite rester davantage avec papa, car ce dernier est moins colérique et accompagne davantage les émotions.
Conflit de loyauté :
L’enfant veut continuer d’avoir des contacts avec ses deux parents. Il cherche une façon d’aimer ses deux parents sans que cela abîme sa relation avec chacun d’eux. L’enfant est pris entre les conflits des parents qui ont parfois des comportements aliénants. L’enfant peut vouloir cesser des contacts pour ces raisons. Il souffre d’avoir l’impression de devoir constamment choisir, car les comportements et propos des parents l’amènent à faire un choix entre ceux-ci. L’enfant se sent coupable d’aimer ses parents, puisqu’il comprend que l’autre n’est pas d’accord de façon indirecte. L’enfant réduit ou coupe les contacts afin de réduire la douleur, mais cette coupure est souffrante et non pas sans conséquences. Sur le coup, l’enfant peut sembler apaiser, mais dans la réalité et à long terme, il y a plusieurs impacts négatifs.
Exemple :
- Coco ne veut plus faire de camping avec maman, car il sait que son papa n’aime pas le camping, il en parle négativement quand il est chez lui.
- Coco ne veut plus faire de gymnastique, car maman se fâche quand elle apporte une facture de chez papa concernant cette activité.
- Ado ne veut pas inviter ses parents au bal des finissants, car il ne veut pas en choisir un. Il sera seul à sa table.
- Un jeune adulte n’avertit pas ses parents de sa date de mariage, car il ne veut pas consoler un des parents durant la soirée si importante pour lui.
Éloignement réaliste :
L’enfant ne veut pas de contacts ou moins de contacts en réaction à des événements qui expliquent raisonnablement pourquoi l’enfant ne veut plus de contacts. Cet éloignement est adaptatif et justifié. Lorsque les raisons de départ sont absentes ou prises en charge par le parent afin d’y mettre un terme, la relation peut être possible à nouveau. Toutefois, il faudra un travail d’encadrement parental et un support professionnel afin de recréer un pont de communication et une réparation de la relation. Le parent doit reconnaître ses actions et cheminer personnellement afin de pouvoir avoir une chance de rebâtir une relation avec l’enfant. Le tout peut prendre plusieurs semaines/mois/années avant d’atteindre une relation satisfaisante pour les deux.
Exemple :
- Maman consomme de la cocaïne et laisse coco seul la nuit pour aller au bar avec des amis. Coco a peur d’être seul. Il est méfiant envers les adultes et bien d’autres conséquences.
- Papa insulte régulièrement maman, il crie souvent après elle et lui fait peur en frappant sur le comptoir et parfois maman reste à la maison alors que papa et les enfants vont en sorties.
Dans cet exemple, je ne veux pas banaliser les gestes isolés et unique mais démontrer le caractère coercitif et l’emprise de cette situation. Chaque geste de violence est inacceptable, je veux être bien comprise.
- Quand maman est fâchée, elle tappe coco et il doit aller directement au lit.
Aliénation parentale :
L’enfant ne veut plus voir son parent sans raison justifiée. L’enfant avait une relation avant cette coupure. Le parent rejeté était présent et participait de façon active à l’éducation de l’enfant. Le rejet de l’enfant est sans culpabilité et sans nuance, ce qui est peu probable dans le développement cognitif et émotionnel d’un enfant. L’enfant voit un parent tout bon et l’autre tout mauvais, ce qui est incohérent puisqu’aucun parent n’est parfait. L’enfant entérine un discours qui ne lui appartient pas, parfois il emprunte des mots qui ne font pas de sens avec son âge et son niveau de maturité. Le tout provient habituellement du parent aux comportements aliénants.
Le parent qui n’a pas plus de contact a des capacités parentales adéquates, donc nous ne sommes pas dans un éloignement réaliste.
Le parent rejeté ne contribue pas à son tour à choisir un parent, donc nous ne sommes pas dans un conflit de loyauté. D’ailleurs, le parent rejeté accorde des capacités et des qualités au parent aliénant.
Enfin, le parent rejeté tente d’établir un contact sain et fonctionnel avec le parent aliénant, mais n’y arrive pas devant le refus du parent aliénant.
Le parent rejeté tente de garder une forme de lien indirect avec l’enfant et malgré la souffrance énorme que cela lui fait vivre, il ne démontre pas de ressentiment à l’égard de son enfant.
Bien entendu, le parent rejeté peut contribuer à la dynamique, ce qui rend le tout si complexe. S’il est bien accompagné et qu’il a une capacité d’introspection, le parent rejeté peut avoir un impact positif sur sa relation avec son enfant.
Il y a plusieurs niveaux de gravité à l’aliénation parentale et il faut retrouver plusieurs critères afin de parler d’aliénation parentale.
Si vous êtes dans cette situation, il est important de consulter des professionnels psychosociaux et juridiques compétents et formés dans ce genre de situation complexe.